L’Association des Femmes Tunisiennes pour la Recherche sur le Développement, AFTURD, est un acteur référent dans la lutte contre les violences faites aux femmes en Tunisie. Dans le cadre du projet MedTOWN, elle développera un modèle coproduit de logements sociaux pour les femmes victimes de violences de genre dans des appartements de transition.

La période de crise que nous traversons (pandémie de Covid19) et le confinement à domicile ont malheureusement créé un terreau fertile pour la recrudescence des violences conjugales en Tunisie comme dans d’autres pays. Les statistiques de la Ligne Verte du Ministère Tunisien de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Séniors (MFFES) montrent que le nombre actuel d’agressions signalées contre les femmes a été multiplié par cinq par rapport à la même période en 2019.

Depuis que l’état de confinement a été décrété (23 mars 2020), l’AFTURD a fait part au MFFES de son inquiétude quant à la situation des femmes victimes de violences (FVV) qui ont besoin de protection, mais qui ne peuvent plus accéder aux centres d’hébergement FVV. L’AFTURD a notamment fait part au MFFES de sa pleine disponibilité à contribuer bénévolement à la prise en charge des FVV dans un nouveau centre de confinement.

Ainsi, le MFFES, avec l’appui de l’UNFPA et en partenariat avec l’AFTURD, a ouvert le 6 avril dernier un nouvel abri d’urgence pour les femmes victimes de violences conjugales ; comprenant 10 places de confinement pour une durée minimale de 14 jours, à titre préventif contre le Covid19 avant l’hébergement dans un centre spécial. Parallèlement, une bonne coordination avec les différents intervenants a été établie, notamment avec l’unité spéciale de lutte contre les crimes de violences faites aux femmes du ministère de l’Intérieur et le commissariat régional de la femme, de la famille et de l’enfant de Ben Arous.

AFTURD a mobilisé pour cette action une équipe de 7 bénévoles qui ont reçu une formation préalable sur le Covid19. Parmi leurs tâches figurent l'accueil des nouvelles femmes et les informer des règles de vie dans le centre pendant la quarantaine ; leur fournir, ainsi qu'à leurs enfants, des produits de première nécessité (vêtements, produits d'hygiène, savon, médicaments, etc.), écouter leurs problèmes, surveiller leur santé et si elles ont besoin de recevoir une aide psychologique spécialisée supplémentaire, les informer sur les lois existantes en matière de lutte contre la violence, les sensibiliser au Covid19 et s'assurer que tous les espaces et les équipements du centre sont correctement désinfectés et peuvent être utilisés en toute sécurité.

En outre, l'AFTURD suit également le cas de chaque résidente en collaboration avec les services de l'Unité spéciale de lutte contre les délits de violence contre les femmes du ministère de l'Intérieur et du ministère public, afin de faire valoir leurs droits. Elle couvre également les frais de suivi médical, les transferts à l'hôpital et lutte en même temps pour un meilleur accès à la santé et des soins médicaux gratuits pour les VVF.

Enfin, il est important de mentionner que l'AFTURD mène des actions de plaidoyer en coopération avec d'autres partenaires institutionnels, afin de garantir les droits des femmes victimes de violences conjugales conformément à la loi (article 26, loi 58-2017) et plus précisément leur droit de rester chez elles et loin de leur agresseur. En raison du Covid19 et de la fermeture des tribunaux, de nombreuses affaires de violences sexistes ont été gelées, ce qui augmente le risque de nouvelles violences et abus.